À la veille de l' an 2000, les millénaristes passaient pour des superstitieux dont il était convenu de rire. Une dizaine d'années plus tard, la fin du monde est entrée dans nos conversations, dans nos peurs, dans notre façon d'engager l'avenir. Elle est le poids qui accuse notre humanité, qui ralentit notre pas, qui coupe l'envie de penser à demain.
Ce livre entend ne pas laisser la fin du monde aux seuls discours alarmistes ou moralisateurs. Car la fin du monde, sitôt regardée en face, parle à l'homme de ses désirs les plus intimes. Elle met chacun en route vers cette peur plus essentielle que celle de mourir : la peur de ne pas vivre pleinement.
Il est un pari qu'il faut oser : vivre ensemble la fin du monde, avec tout ce que le verbe « vivre » recèle de lucidité, bien sûr, mais aussi de courage, d'invention et de partage. Alors le monde, par son absence même, se mettra à briller, comme il ne l'a encore jamais fait.
Agrégé et professeur de philosophie, spécialiste de Simone Weil, chroniqueur à La Croix, Martin Steffens s'est imposé comme l'un des jeunes penseurs d'aujourd'hui par son traitement singulier, entre autres, de l'épreuve et de la joie, de la violence et du consentement, de la mort et du corps.